La thérapeutique palliative et le soulagement de la douleur sont des préoccupations qui remontent à l’antiquité, avec l’utilisation de l’opium. La morphine a 150 ans.
L’accompagnement, le soutien à son frère en humanité, apparaissent dans les écrits les plus anciens. Saint-Camille, Jeanne Garnier se sont révélés des maîtres en la matière, mais les hospices
pour mourants étaient très peu médicalisés.
La médecine d’avant la guerre de 1939-1945 avait fait d’importants progrès en chirurgie. Des guérisons ou des améliorations étaient obtenues grâce à certains médicaments, mais la médecine restait, pour une grande part, palliative. A tel point que l’on prête à un grand thérapeute le mot : «Je croirai vraiment à la thérapeutique quand la méningite tuberculeuse sera guérie ».
C’était peu avant la grande révolution thérapeutique dont le début coïncide avec le débarquement américain de 1944. L’avènement des antibiotiques avec ses succès fulgurants et inespérés marque
le triomphe de la médecine curative.
Son impact est considérable au plan psychologique. Dès lors que la médecine guérit là où naguère elle ne pouvait que soulager, le mot palliatif prend une connotation d’échec et apparaît peu gratifiant. L’impact concret est également important, en particulier dans les services cliniques à visée curative : les délais de séjours hospitaliers se réduisent considérablement, les techniques deviennent de plus en plus absorbantes, ne laissant plus qu’un temps restreint à la relation soignant malade.
C’est dans ce contexte qu’apparaît une forte réaction, initiée en Grande-Bretagne par Dame Cicely Saunders à partir des années cinquante et plus encore après l’ouverture en 1967 du Saint Christopher’s Hospice. Son influence sur la conception des soins palliatifs est considérable : la prise en charge globale du malade en fin de vie doit comporter thérapeutique palliative et accompagnement, indissociables l’un de l’autre. Elle comprend la maîtrise de la douleur chronique en utilisant les antalgiques à heures régulières, avant que la douleur ne réapparaisse, selon la durée d’action des médicaments, en particulier de la morphine. Elle préconise un accompagnement par une équipe interdisciplinaire, dans laquelle des bénévoles formés ont une large place.
Ces idées se diffusent en Grande-Bretagne, au Canada, aux Etats-Unis, et se développent en France à compter des années 80, soutenues par des associations telles que JALMALV (Jusqu’A La
Mort Accompagner La Vie, fondée en 1983), ou ASP (Accompagnement et développement des Soins Palliatifs, fondée en 1984), et bien d’autres.
A ces initiatives émanant de milieux privés et publics répondent des initiatives gouvernementales débouchant en 1986 sur une circulaire relative à «l’organisation des soins et de l’accompagnement des malades en phase terminale».
En 1995, la loi hospitalière revient sur la nécessité de la prise en charge de la douleur dans les établissements de santé, publics ou privés. La loi de juin 1999 sur les soins palliatifs, préparée par le Sénateur Neuwirth et présentée par Bernard Kouchner :
- fait des soins palliatifs un droit,
- mentionne l’intérêt du concours que peuvent apporter à l’équipe interdisciplinaires des bénévoles formés à l’accompagnement,
- prévoit le droit au congé parental pour un ascendant, un descendant ou un proche du malade faisant l’objet de soins palliatifs.
Enfin, et de plus en plus, les soins palliatifs ne sont plus seulement considérés comme des soins terminaux. Ils s’appliquent aussi à des malades confrontés à une menace de mort : ainsi en est-il de malades atteints de cancers évolués, mais susceptibles de répondre pour un temps à une thérapeutique à visée curative, voire de connaître une guérison. Cette optique a été celle de l’ASP fondatrice dès sa création, puisque sa première équipe d’accompagnants bénévoles a été mise en place en 1986 dans un service curatif de pneumologie.