L’engagement du bénévole – Entre amour et humour : un autre regard sur les soins palliatifs.
C’est dans le beau palais des arts et congrès de Vannes, qu’environ 300 bénévoles ont été accueillis par les associations ASP 56 Pays de VANNES. et ASP 56 pays de LORIENT.
Dans une ambiance chaleureuse et conviviale, nous avons écouté, partagé des moments forts. Moments de débats, d’émotion, de détente aussi, avec le repas festif breton animé par le cercle celtique de Sarzeau qui nous a entrainés dans des danses endiablées.
Je retiendrai pour ma part le moment de partage en Direct de son lit d’hôpital de Jean Dartigues.
Jean est atteint depuis 7 ans de la maladie de Charcot. Il a témoigné de sa vie en fauteuil roulant dépendant des autres. C’est une leçon de vie et de courage que nous avons reçue. Malgré son handicap grâce à son énergie, à son humour, à son désir de vivre pleinement, il mobilise ceux qui l’entourent.
Avec la complicité d’un dessinateur, il a publié un livre » Ça roule Facéties en fauteuil roulant », Il a traversé l’atlantique en catamaran. Il est vice président de l’Association Nationale de recherche sur la maladie de Charcot.
Une conteuse accompagnée d’une musicienne à la harpe nous a lu le beau texte suivant :
COMMENT ? Par Jean d’Artigues
Nous les naufragés,
Nous les cabossés,
Nous les fragilisés
Comment dire les larmes déversées ?
Comment dire les abysses côtoyées ?
Comment dire la souffrance harcelante ?
Comment dire la détresse saisissante ?
Comment dire l’enfermement étranglant ?
Comment dire l’impuissance terrifiante ?
Comment dire la bouche silencieuse ?
Comment dire le corps figé ?
Comment dire les yeux obscurcis ?
Comment dire les oreilles muettes ?
Comment dire les doigts bloqués ?
Comment dire le souffle coupé ?
Comment dire l’équilibre précaire ?
Comment dire l’angoisse du jour qui vient ?
Comment dire les nuits désertiques ?
Comment dire la pesanteur immense ?
Comment dire la lassitude lancinante ?
Comment dire l’horizon qui se ferme ?
Comment dire la liberté mitraillée ?
Comment dire la tristesse pour ce qui a été perdu ?
Car comment accepter de n’être plus ce qu’on a été ?
Nous les naufragés,
Nous les cabossés,
Nous les fragilisés
Comment dire OUI à la vie quand elle nous déserte ?
Comment dire OUI à l’espoir quand tout est si noir ?
Comment dire OUI à l’amour quand on a perdu ses plus beaux atours ?
Comment dire OUI à la lumière quand l’ombre vous enserre ?
Et pourtant…
Nous les naufragés,
Nous les cabossés,
Nous les fragilisés
Comment dire merci à ceux qui nous regardent ?
Comment dire merci à ceux qui nous sourient ?
Comment dire merci à ceux qui nous touchent ?
Comment dire merci à ceux qui nous relèvent ?
Comment dire merci à ceux qui nous aiment ?
Comment dire merci à ceux qui sont là ?
Comment dire merci à ceux qui sont nos phares, nos balises sur nos océans d’immobilité forcée ?
Comment dire merci à ceux qui sont nos fusées, nos réacteurs ?
Comment dire merci à ceux qui croient encore en nous ?
Comment dire merci à ceux qui voient qui nous sommes ?
Comment dire merci à ceux qui nous reconnaissent et se reconnaissent en nous ?
Comment dire merci à ceux qui osent tendre leurs mains, afin de continuer à nous faire goûter la vie et de nous donner envie d’y goûter encore sans fin, malgré tout ?
Nous les naufragés,
Nous les cabossés,
Nous les fragilisés.
Avec vous, nous sommes toujours là, nous ne lâchons rien, nous grimpons sans cesse vers des cimes inaccessibles, nous voulons y croire, envers et contre tout. Nous ne voulons pas nous rendre, nous sommes vivants toujours et encore. Car si grâce à vous, nous recevons beaucoup, nous avons aussi beaucoup à vous donner. Alors laissez-nous vous guider et vous serez bien souvent étonnés !