Les diverses équipes de bénévoles misent beaucoup sur les coordinateur(rice)s d’équipe (C.E.) d’une part et leurs psychologues (de groupes de parole notamment), pour les dynamiser, les soutenir, les « recadrer » au besoin… La journée préliminaire du 25 septembre était la bienvenue pour éclaircir les rôles et fonctions de ces deux pivots de nos ASP : le coordinateur d’équipe et le psychologue. Naviguent-ils avec la même aisance que les poissons évoluant dans l’aquarium de la salle de conférence parmi les écueils d’une dynamique associative au service d’une mission régie par des repères législatifs et conventionnés ?
Coordinateur d’équipe : être bien formé pour bien organiser
La présentation de la fonction de coordinateur d’équipe s’appuyait sur une enquête menée auprès d’un certain nombre d’acteurs de terrain. Elle ne prétendait pas à l’exhaustivité mais apportait suffisamment d’éléments pour préciser les qualités essentielles et le chemin de formation initiale et continue requis pour y parvenir et s’améliorer… Il y a une attente unanime pour se caler à un référentiel formalisé et qui soit en conformité avec les textes de loi.
Deux textes sont ainsi mis en exergue. Le premier (Décret N° 2000 du 16 octobre 2000, relatif à la convention type prévue à l’article L. 1111-5 du Code de la santé publique) énonce à l’article 4 : « le rôle du coordinateur est d’organiser l’action des bénévoles auprès des malades et le cas échéant, de leur entourage, d’assurer la liaison avec l’équipe soignante et d’aplanir les difficultés éventuelles ».
Le second (Circulaire du 25 mars 2008, relative à l’organisation des soins palliatifs – Annexe 5) éclaire l’articulation de cette mise en œuvre du bénévolat : « les bénévoles d’accompagnement sont placés sous la responsabilité d’un coordinateur, désigné par l’association, chargé d’organiser l’action des bénévoles auprès des patients et de leur entourage, d’assurer la liaison avec l’équipe soignante et d’aplanir les difficultés survenues lors de l’intervention d’un bénévole. Le coordinateur exerce à ce titre une responsabilité essentielle, l’intégration des équipes de bénévoles d’accompagnement au sein des services hospitaliers relevant d’une démarche initiée et soutenue par leur association ».
Il s’avère ainsi que le CE est essentiellement un garant des liens entre l’ASP et l’établissement, entre l’équipe de bénévoles et les soignants, entre l’ASP et l’équipe de bénévoles. Une tâche passionnante, variée mais aussi usante et chronophage sans garde-fous !
La réflexion de la commission s’attachait à relayer des propositions de vigilance sur quatre thèmes récurrents :
- Cumul des mandats
- Gestion du parrainage ou tutorat
- Nomination d’un adjoint au CE
- Recrutement du CE
En conclusion, ressortaient à la fois un besoin de conformité aux textes statutaires et le souhait de formations décentralisées et fédérées pour être mieux accessibles. La nécessité d’une cohérence d’ensemble des ASP ne doit pas raboter pour autant les diversités et particularités des pratiques…
Les psychologues : à l’écoute ?
Les psychologues aussi avaient réalisé un tour d’horizon de leurs pratiques. Les résultats affichés soulignaient des fonctionnements variés mais avec quelques convergences fortes. Une grande majorité des intervenants signalait un même questionnement sur l’intérêt d’être préalablement sensibilisé aux problématiques des soins palliatifs et une formation à l’animation de groupe. En définitive, le rôle du psy est d’aider les bénévoles sur comment ils vivent leur accompagnement.
Se pose aussi la question de la place du psy en groupe de parole : quelle est la distance optimale entre le psy et les bénévoles ? Une majorité se réclame d’une nécessaire distance aux contours souples entre chaleur, empathie et respect : « Ces 3 éléments apparaissent indispensables au bon fonctionnement du groupe. Question de la juste distance : tous les psys ne mettent pas les mêmes mots derrière ce terme. Tous s’accordent à éviter la familiarité ».
Quelques éléments peuvent étayer la visée du psy dans et avec son groupe de parole au service des bénévoles :
- Se sentir mieux et plus à l’aise dans leur mission,
- Soutien face aux difficultés : être compris, conforté face à des situations difficiles,
- Mieux se connaître dans son fonctionnement psychologique, relationnel en vue d’un meilleur positionnement.
- Parler de soi : centré sur le vécu du bénévole (sensation, émotion, sentiment, pensée, attitude/comportement) : façon d’être, et sa motivation.
- Développer sa sensibilité à la rencontre et à la parole.
- Chacun participe à l’échange afin de mettre une dynamique, et apporter de la matière qui enrichit les autres, leur permettant de rebondir.
- Aspect formatif.
Une citation de Martine Ruszniewski était livrée en conclusion : « La parole ne déplace pas les montagnes, le groupe de parole ne corrige pas les défaillances de l’institution mais il permet d’apprendre à s’y frayer des passages (terrain d’aventure et d’invention), de travailler à l’ouverture et à l’invention de la vie …là où elle est précisément si fragile ! »
A. Le Gall